Confidences

Genre : Secrets, dialogue, amitié
Époque : 3002
Protagonistes : Lizon, ancien directeur de la GEMAS

Note : Lizon est la meilleure amie et première partenaire d'Athanase. Dans cet extrait (plus long que le précédent texte ^^), elle se confie à l'ancien directeur de la GEMAS (qui à l'époque de cette discussion était encore le directeur) à propos de son meilleur ami et de Hyeronimos Suympa. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur le passé de certains... ^^

Contexte : Lizon, première partenaire d'Athanase, ne peut plus assurer de missions avec lui car elle a été promue d'urgence à un poste laissé vacant. Le temps de former une nouvelle personne pour prendre sa place, ce poste est une priorité. C'est la raison pour laquelle Hyeronimos et Athanase font provisoirement équipe.

— Entrez !

Lizon passa la tête dans l'encadrement de la porte.

— Bonjour...

— Ah Lizon ! Installe-toi. Tu voulais me parler ?

La jeune femme referma derrière elle et franchi les quelques mètres qui la séparaient du bureau du directeur. Elle s'assit avec souplesse sur le fauteuil que le doyen lui indiquait, face à lui.
Ce dernier la gratifia d'un sourire chaleureux.

— Comment vas-tu ?

— Moi, très bien. Je suis venue vous parler d'Athanase, répondît-elle sans détour.

L'homme acquiesça, attentif.

— Je t'écoute.

Lizon prit une profonde inspiration.

— Il faut que je vous parle de son partenariat provisoire. Avec le dénommé Hyeronimos Suympa.

L'homme esquissa un sourire.

— Tu veux récupérer ton partenaire au plus vite avant que lui et monsieur Suympa ne s'entretue ? plaisanta-t-il.

Lizon s'agita, mal à l'aise.

— En fait ce serait plutôt l'inverse...

Il leva un sourcil, surpris.

— Tu veux résilier ton partenariat avec lui ?

— Non... non, mais j'aimerais rester plus longtemps que prévu à mon poste actuel.

Le directeur lui lança un regard par-dessus ses lunettes.

— Tu t'y plaît vraiment, tu veux repousser le moment de reprendre les missions avec Athanase ou un peu des deux ? demanda-t-il, inquisiteur.

— Un peu des deux... avoua-t-elle, enfin... ce n'est pas une question de ne pas vouloir reprendre les missions avec Athanase... on forme une super équipe, je l'adore, mais...

Elle poussa un profond soupir.

— En fait, ça ne me dérange pas de repousser le moment où je reprendrai les missions avec lui, parce que mon travail actuel me plait. Mais ce n'est pas l'unique raison de ma requête...

Elle semblait chercher ses mots. Le doyen attendit sans l'interrompre, patient.

— Ça va paraître très bizarre, commença-t-elle, je vais essayer de m'expliquer... je trouve que ce partenariat entre Athanase et Hyeronimos Suympa est une excellente chose.

— Tiens donc, s'en amusa-t-il, toute l'école entend ces deux-là se chamailler comme des mômes de la poupe à la proue, c'est de notoriété publique qu'ils se détestent... et tu me dis que c'est une excellente chose. Je croyais être le seul dans cette école à penser cela, et je m'aperçois que nous sommes deux ! Pourrais-je connaître tes raisons ?

— C'est plus une intuition en fait, par rapport au caractère d'Athanase...

Elle marqua une pause.

— Je connais Athanase depuis mon arrivée ici, en première année. On a avait déjà été désignés comme partenaires et le courant est tout de suite passé entre nous.

Un sourire se dessina sur ses lèvres à l'évocation de ce souvenir.

— On est resté vraiment très proches tous les deux, toute notre scolarité. Et même après d'ailleurs ! On a tout de suite été comme frère et sœur, et je peux affirmer aujourd'hui que chacun de nous connait mieux l'autre qu'il ne se connait lui même ! Au moins sur certains points en tous cas...

Le doyen l'encouragea à poursuivre.

— Athanase... Athanase a toujours eu un fonctionnement bien à lui. Depuis que je le connais, il a toujours eu cette manière très... extrême de gérer les coups durs. Il encaisse tout. Littéralement. Il encaisse n'importe quoi et avec le sourire. Et il laisse couler. En fait... son credo c'est de se dire que « rien n'est éternel ».

Lizon s'interrompit. Elle se caressa distraitement le menton, pensive.
Puis soudain elle se redressa en claquant des doigts.

— Ah, voilà ! s'exclama-t-elle, C'est exactement comme dans ce cours de première année où on nous apprend à résister au froid !

— Lorsqu'on vous apprend à ne laisser aucune prise au froid en restant détendu ?

— Exactement ! Eh bien c'est comme si Athanase appliquait ce principe, mais à l'extrême et avec la douleur. Il s'en prend plein la figure et il continue de laisser couler. En fait, c'est pire que ça, c'est comme s'il fuyait. Et c'est un champion pour ignorer les gens. Voilà où je veux en venir.

La jeune femme se redressa légèrement sur son siège avant de poursuivre.

— Quand il souffre, que quelqu'un lui fait du mal ou bien s'en prend à lui, il sourit et il ignore. Il laisse couler en attendant que ça passe. Il fuit constamment... depuis notre adolescence je me tue à essayer de lui faire changer d'attitude, mais c'est vraiment dur. Il est borné par rapport à ça.

Lizon hésita un court instant avant d'ajouter :

— Les fois où on se disputait, c'était vraiment violent à cause de ça... comme il m'ignorait, impossible de discuter avec lui et de résoudre le problème calmement, alors je m'énervais et ça pouvait aller assez loin jusqu'à ce qu'on règle la dispute. Enfin bref, je ne voulais pas raconter ma vie...

— Non, il n'y a pas de souci, la rassura-t-il, prends ton temps.

Lizon le remercia d'un geste avant de poursuivre.

— Je ne veux pas changer mon ami, simplement son attitude. Si elle lui était bénéfique, ça me serait égal qu'il soit comme ça, mais ce n'est pas le cas. Il en souffre. Je le sais.

— Je le sais aussi, Lizon... murmura-t-il, ne t'en fais pas, je vois bien que tu agis dans son intérêt.

— ... Athanase est incapable de se concentrer sur quelque chose qui lui est pénible. S'il n'aime pas quelque chose ou quelqu'un, il l'évacuera tout simplement. À l'inverse, il peut se dévouer corps et âme à quelque chose... ou quelqu'un. Je l'ai constaté quand je le voyais étudier la chimie avec passion, s'entraîner de toutes ses forces pour préparer son diplôme de Combattants... ou quand il me parle de sa mère ou de son frère... j'ai régulièrement des nouvelles d'eux.

Le directeur sourit. La jeune femme s'ébroua. Il ne fallait pas qu'elle s'éloigne de l'essentiel.

— Tout ça pour dire... vraiment, quand il n'aime pas quelqu'un, c'est comme si cette personne n'existait tout simplement pas, dans aucun univers. C'est assez effroyable parfois la capacité qu'il a à « effacer » quelqu'un de sa mémoire... frissonna-t-elle.

— J'imagine que tu vas me parler de son partenaire... devina-t-il.

— Oui. Je n'avais jamais vu Athanase comme ça. Il n'aime pas Hyeronimos Suympa, il le déteste vraiment... et pourtant. Pourtant le nom de Suympa me sort par les oreilles ! Je n'en peux plus de l'entendre, il ne me parle plus de rien d'autre ! Quand on se voit, c'est toujours « Suympa » par ci, « Suympa » par là ! Même quand je fini par réussir à changer de sujet, il revient dessus !

Lizon respira un coup afin de se calmer, constatant qu'elle s'était emportée.

— Tu constates que pour la première fois, Athanase exprime ses émotions négatives plutôt que de les garder pour lui ou de les fuir.

— C'est encore mieux que ça, rectifia la jeune fille, l'autre jour je suis allée dormir chez lui. Il m'a bassiné avec son partenaire avant de dormir. Contre toute attente, il s'est quand même endormi avant moi... et c'est là que j'ai constaté que pour la première fois depuis que je le connaissais, il passais une nuit tranquille.

— Il avait évacué ses émotions négatives avant de dormir et a donc pu dormir sereinement, comprit-il.

— Athanase n'a jamais eu besoin de beaucoup de sommeil, mais il est en proie à des terreurs nocturnes toutes les nuits depuis...

— Depuis la mort de son père, compléta le directeur.

La Combattante ouvrit des yeux ronds.

— Vous le saviez ?

— Bien sûr, j'ai eu de nombreuses discussions avec monsieur Khôlor par le passé. J'avais repéré la même chose que toi et je l'ai toujours surveillé de près.

— Je ne savais pas...

Le doyen balaya la question d'un geste signifiant que cela n'avait aucune importance en cet instant.

— Vous devez aussi connaître Hyeronimos Suympa alors... je devrais le détester, après tout le mal que m'en dit Athanase, mais je ne peux pas. Quelque part... quelque part je lui en suis reconnaissante, parce que quelque part... oui quelque part, je trouve que mon meilleur ami va mieux. Depuis qu'il travaille avec lui.

L'homme acquiesça.

— Oui je le connais, et c'est pour ça que je peux te dire que tu as raison. Même s'il ne s'en rend pas compte, Hyeronimos fait du bien à Athanase, et c'est réciproque.

— J'avoue ne pas avoir suffisamment écouté en cours de psychologie lors de mon apprentissage, avoua-t-elle honteusement, mais j'ai quand même envie de dire qu'Athanase est en train de franchir une étape.

— Une étape importante, approuva-t-il, je te remercie Lizon. Ne te fais pas de souci, je comprends et je ne compte pas les séparer de sitôt.

Professeur et élève échangèrent un sourire entendu, puis Lizon pris congé après moult remerciements.
Au moment où elle s'apprêtait à franchir le seuil de la porte du bureau, le directeur l'arrêta.

— Ah et Lizon !

— Oui ?

Le visage du doyen se fendit d'un sourire chaleureux.

— Toutes mes félicitations, tu fais un travail formidable. L'Ecole n'a pas connu de tel talent au combat depuis ses fondateurs.

Lizon écarquilla les yeux. Sous le choc d'un tel compliment, elle bredouilla un remerciement et sorti de la pièce.

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