Dîner chez un vieil ami

Genre : Romance interdite/relation élève professeur/confidences
Époque : Courant 2985

Protagonistes : Tristan, Sofiane et Salomé, Alice.

Note : Ce texte se centre sur Tristan et plus particulièrement sur l'époque où Alice et lui s'évitaient au possible. Ici, il retrouve un vieil ami de fac qui s'est retrouvé dans une situation étrangement similaire à la sienne...

Tristan se massa les tempes. Il avait sérieusement besoin de repos.

– Tu devrais te changer les idées, Tris', tu es bien pâle en ce moment... lui fit remarquer son collègue.

Le jeune professeur émit une sorte de grognement d'approbation avant de quitter leur bureau sans se retourner. De l'air. Par pitié.

Une fois dehors, le froid se chargea de lui rafraîchir les idées. La température glaciale le calma instantanément. Un profond soupir s'échappa de ses poumons en une épaisse fumée blanche. Les paupières closes, il bascula sa tête en arrière, laissant l'air froid le pénétrer.

– Tristan !

Il rouvrit les yeux. Sofiane. Une connaissance de l'époque de la fac. Sofiane avait deux ans de moins que lui, mais ils s'étaient connus via des amis en communs et s'entendaient comme larrons en foire lorsqu'ils avaient vingt ans. Ils s'étaient perdus de vue à la fin de leurs études et les deux hommes s'étaient recroisés tout récemment. Tristan avait alors appris que Sofiane avait obtenu un poste d'enseignant lui aussi, dans une autre université pas si loin de la sienne et qu'il s'était marié.

Marié et sans enfants. Lui, l'éternel célibataire, le malchanceux en amour, qui ne trouvait pas chaussure à son pied. Et maintenant, il s'épanouissait en couple tandis que Tristan affichait son étiquette de père divorcé, célibataire et débordé. Et désespérément pris dans les filets d'un amour impossible. Quelle ironie ; les rôles s'étaient bien inversés...

– Salut, Sofiane. Comment tu vas ?

– Bien bien, mais toi ? Tu as une petite mine on dirait... qu'est ce qui t'arrive ?

Une chose ne changeait pas pourtant. Sofiane restait une personne extrêmement attentive aux autres.
Mais trop de temps s'était écoulé et surtout, Tristan préférait garder ce genre de préoccupation pour lui. Il fit un geste de le matin signifiant que cela n'avait aucune importance.

– Oh, je suis un peu crevé en ce moment, les gosses tout ça... j'ai besoin de me changer un peu les idées, c'est tout, répondît-il.

Le visage de Sofiane s'illumina.

– Ah ben ça tombe bien ! J'ai raconté à ma femme que j'étais tombé par hasard sur un vieil ami l'autre jour, et elle a proposé que nous t'invitions à dîner, jeudi soir, si tu es libre ?

Tristan réfléchi. Il pouvait facilement faire garder ses enfants ce soir-là. Au pire, il les confierait à leur mère, elle serait ravie de les avoir en semaine et lui avait vraiment besoin de décompresser un peu...

– Oui ça devrait aller, dit-il finalement, je téléphone ce soir à mon ex-femme pour lui demander de garder les enfants, mais à priori ça devrait le faire.

– Sinon n'hésite pas à les ramener, ils ne dérangeront pas et puis, ma femme et moi on aime bien les enfants.

– C'est gentil, mais j'ai besoin d'un peu de calme en ce moment.

– Je comprends, sourit-il, alors à jeudi ?

Tristan commença à s'éloigner en direction des bâtiments. Il allait appeler la mère de ses enfants sur le champ. Il fit un signe de la main en direction de son ami.

– À jeudi !

***

Tristan gara sa voiture dans l'allée. La maison de Sofiane n'avait pas été très difficile à trouver. Un peu excentrée, il s'agissait d'un joli petit pavillon au cœur d'un quartier tranquille, tout ce qu'il y avait de plus charmant. Le portail avait été laissé volontairement ouvert, et la lumière sur le perron s'était allumée au moment où les pneus de la voiture de Tristan s'étaient engagés sur le gravier. Une silhouette apparu sur le pas de la porte juste avant que le jeune enseignant ne claque la portière.

– Tristan !

– Salut Sofiane !

Tristan rejoignit son ami en quelques foulées et les deux hommes échangèrent une accolade chaleureuse, trop heureux de se retrouver.

– Comment vas-tu ? s'enquit Tristan.

– Bien, mais entre ! Ne reste pas dehors ! l'invita son ami.

Tristan eut à peine le temps de tendre la bouteille qu'il avait apporté à son hôte qu'une deuxième silhouette apparu dans le couloir.

– Bonjour monsieur ! s'exclama une voix familière.

Tristan manqua de lâcher la bouteille ; Sofiane la rattrapa in extremis.

– Salomé ?!

L'une de ses étudiantes. Une camarade de promotion d'Alice qui plus est. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? L'enseignant ressenti comme un violent pincement au cœur. Est-ce que par hasard, Alice... ?

– Je te présente ma femme, annonça fièrement Sofiane en désignant Salomé.

Tristan n'en croyait pas ses oreilles. Salomé, l'amie de son amour interdit, mariée à son vieil ami ?
La conversation puérile avec son collègue de bureau lui revint. Lorsqu'ils avaient appris que Salomé était mariée, si jeune et de surcroît avec un homme de 15 ans son aîné... ils étaient fatigués et avaient déconnés là-dessus comme des gamins attardés. Il en avait honte désormais.

– Désolé, s'excusa Sofiane, j'aurais dû te prévenir, mais je n'ai pas réalisé tout de suite que tu bossais dans l'université où Salomé fait ses études... en fait c'est elle qui s'en est rendue compte l'autre jour en me posant des questions sur toi et je t'avais déjà invité... j'aurais dû faire le lien plus vite, c'est de ma faute.

Il paraissait sincèrement gêné. Tristan se força aussitôt à se reprendre, il ne voulait pas embarrasser son ami.

– Non non, ne t'inquiète pas ! On s'est vus en coup de vent après tout, on a eu à peine le temps d'échanger trois mots les deux fois qu'on s'est vus alors penses-tu !

La soirée s'annonçait moins dépaysante que prévu.

Sofiane s'éclipsa dans la cuisine tandis que Salomé, bien plus à l'aise que leur invité, s'empressa de diriger ce dernier vers le salon salle à manger. Elle installa Tristan dans le canapé avant de filer ramasser les innombrables feuilles de cours qui traînaient sur la grande table. Visiblement, elle l'avait attendu en révisant ses cours.

– Tant que je suis ici, si tu as une question Salomé... lança-t-il pour faire cesser ce silence pesant.

Salomé lui sourit.

– Vous n'êtes pas mon professeur ce soir, vous êtes l'ami de Sofiane. Et il paraît que vous avez besoin de vous changer les idées, alors faites ! De plus, c'est très gentil à vous, mais Sofiane peut très bien répondre à mes questions étalement, alors ne vous faites pas de souci et oubliez votre rôle de professeur pour ce soir.

Étrangement, ce discours calma un peu Tristan. Elle semblait différente de l'élève qui fréquentait ses cours.

– Très bien, dans ce cas tu peux me tutoyer. Si ce soir tu n'es plus mon élève mais la femme d'un vieil ami, je préfère que tu me tutoies.

Salomé paru surprise.

– Très bien. Je ne v... te promets pas de faire un sans faute, mais je ferai au mieux !

Elle finit de ramasser ses feuilles et sorti de la pièce, les bras chargés de ses cours, au moment où Sofiane y entrait, un plateau d'apéritifs en mains.

Salomé revint quelques instants plus tard et s'installa dans le canapé à côté de son époux, qui ouvrait une bouteille de vin.

– Pas trop, pas trop ! Je veux me lever tôt pour réviser, demain !

– Et moi je prends la route ce soir ! protesta Tristan.

La conversation alla bon train. Si l'ambiance s'était légèrement tendue à son arrivée, Tristan se sentait à présent parfaitement à l'aise, et il oublia vite que l'un de ses interlocuteur étudiait dans l'un de ses cours.
La conversation fini par dévier sur leur couple.

– Mais vous vous connaissez depuis longtemps, du coup ? s'enquit Tristan en grignotant un biscuit apéritif.

– Huit ans maintenant, lui répondit son ami, et nous sommes ensemble depuis sept ans.

Tristan manqua de s'étouffer.

– S... sept ans ?

S'il comptait bien, Salomé était encore mineure sept ans plus tôt, alors que Sofiane avait atteint la majorité depuis bien plus longtemps !
Il y avait 17 ans de différence entre Alice et lui, ce qui signifiait 15 entre Sofiane et Salomé. Comment...

– Oui, on s'est connus quand Salomé avait 15 ans et moi 30. On était voisins à l'époque et on est tout de suite devenus amis... et puis plus que ça...

Tristan ne put s'empêcher de remarquer que les joues de son ami s'étaient légèrement teintées de rose mais se montrait incapable de déterminer si cela était dû à l'alcool ou à l'amour.

– Désolé de poser cette question, mais... comment... comment les gens autour de vous l'ont ils perçu ?

Tristan s'en voulait se mettre ainsi les pieds dans le plat, mais il avait besoin de savoir. Le visage d'Alice s'affichait devant ses yeux et il aurait été bien incapable de s'en débarrasser. Heureusement, ni Sofiane ni Salomé ne semblaient gênés se parler des débuts de leur histoire.

– Très mal, répondit Sofiane, au début, les parents de Salomé ne voulaient pas que j'approche leur fille, ils étaient contre notre relation. Et on le comprenait très bien... quant à mes parents, ils ont été scandalisés d'apprendre que je fréquentais une mineure et on commencé à me traiter de pédophile...

Il marqua une pause. Salomé passa un bras réconfortant dans le dos de son compagnon. Visiblement, certaines parties semblaient plus simples à raconter que d'autres...

– ... Finalement, en voyant que trois ans plus tard, alors que Salomé avait atteint la majorité, nous nous aimions encore, sa famille à elle a commencé à me tolérer. Au final, ma famille n'a jamais vraiment pu approuver notre union, tandis que celle de Salomé m'a définitivement adopté comme membre de la famille.

– Ils t'apprécient tous sincèrement, confirma-t-elle en souriant à son conjoint.

Ce dernier lui rendit son regard tellement emplit d'amour que Tristan se sentit pratiquement chanceler. Il pensait à Alice. Depuis la fameuse conversation, son absence ne cessait de creuser un trou douloureux dans son cœur. La raison devenait de jour en jour plus pénible à supporter et de laisser les sentiments le submerger afin de braver l'interdit, il en rêvait la nuit.

Pour se changer les idées, c'était visiblement râpé.

– Mais... en fait je pensais, les gens ne disent rien quant au fait que tu es professeur et... et une de tes élèves ? s'entendit-il demander.

Il s'embrouillait. Il vit le couple face à lui froncer les sourcils et eut envie de se gifler. Comment se dénoncer soi-même... il n'aurait pas pu avoir de réaction plus flagrante sans dire clairement « Eh ! Je suis amoureux d'une de mes élèves ! ». Mais quel con !

– Mais... je ne suis pas son élève. Sofiane n'enseigne même pas dans l'université dans laquelle je fais mes études... répondit Salomé.

Tristan se senti stupide. Il venait juste d'avouer à demi-mot sa propre situation.

Un ange passa.

Sofiane se leva brusquement.

– Le repas doit être prêt ! s'exclama-t-il, je vais le chercher !

Sauvé par le gong... personne n'était dupe. Salomé fit pourtant mine de rien et invita aussitôt leur invité à s'installer à table.
Sofiane revint quelques instants après avec un plat de poulet rôti. L'odeur apaisa aussitôt les tensions présentes dans la pièce.

– Et voilà la bête ! annonça-t-il.

– Ah, je vois que tu sembles toujours un aussi bon cuisinier ! lança Tristan.

– Qu'est-ce que tu crois ? Je l'ai épousé pour ça ! plaisanta Salomé.

Sofiane éclata de rire. Le repas se passa dans une ambiance détendue et bon enfant. Tous trois riaient de tout et oublièrent un temps leurs soucis.

***

Au moment de débarrasser, Tristan jeta un coup d'œil par la fenêtre. Il faisait déjà nuit ! Il n'avait pas vu le temps passer.

– Tu prends aussi un thé ou une tisane ? s'enquit Sofiane depuis la cuisine.

Tristan se leva d'un bond pour aider Salomé à finir de débarrasser et aider lui aussi un peu.

– Une tisane, je veux bien, merci. Avec ce que vous avez, s'empressa-t-il d'ajouter en posant deux bols vides dans le lave-vaisselle.

– Réglisse citron ?

– Parfait.

Sofiane alluma la bouilloire et sorti les sachets de tisane tandis que Salomé sortait les tasses. Même pour des gestes aussi simples, Tristan admira leur harmonie. Il les enviait aussi, un peu...

Sofiane entraîna son ami dans le salon.

– Allez-y, je ramènerai les tasses ! lança la jeune femme.

Son mari déposa un baiser sur sa tête avant de quitter la pièce. Une fois seuls, il se tourna vers leur invité.

– Dis moi, comment tu vas toi en ce moment ? Tu n'as pas l'air tout à fait dans ton assiette...

Il baissa la voix.

– Et ces questions tout à l'heure, pendant l'apéro... qu'est ce qui t'arrive Tristan ? Est-ce que...

– Il n'y a rien, répondit-il un peu trop sèchement, je suis fatigué en ce moment, c'est tout.

Un bruit venu de la cuisine les fit sursauter.

– Chérie ! Tout va bien ? s'écria aussitôt Sofiane.

Tristan dévisagea son ami. Pourquoi tant d'angoisse dans la voix pour un peu de vaisselle cassée ? Leur petit bonheur tout rose lui sembla d'un seul coup un peu trop sucré.

– Oui oui ! J'ai fait tomber quelques assiettes mais rien de cassé, pas de souci !

Sofiane semblait se retenir de ne pas se précipiter auprès d'elle.

– Je t'assure que ça va ! Je vous rejoins dans un instant ! insista-t-elle depuis la cuisine.

À contrecœur, l'homme se laissa finalement convaincre.

– Moi ça va, mais toi ? l'alpaga Tristan, je ne te connaissais pas si inquiet... tu joues au papa poule ou quoi ?

Il exagérait, il le savait. Mais les questions de Sofiane l'avaient piquées au vif tellement elles visaient juste. Pourtant il détestait se comporter ainsi. Il se détestait.

– Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose, c'est tout.

Il s'assit dans le canapé. Son air soucieux ne disparaissait pas. Tristan éclata de rire.

– Calme toi ! Elle a juste fait tomber un truc, ça arrive ! se moqua-t-il.

L'intéressée apparu au même moment, les tasses à la main. Tristan se senti gêné. Elle avait forcément entendu. Et puis il osa lever les yeux vers elle.

– Euh, Salomé, tout va bien ? s'inquiéta-t-il.

Il ne l'avait jamais vu aussi blanche.

– Tout va bien, assura-t-elle en lui mettant une tasse dans la main. Elle posa les deux autres sur la table et retourna en direction de la cuisine.

– Sa.. commença son mari.

– J'ai oublié une cuillère, je reviens.

Tristan se senti très bête. L'inquiétude de son ami semblait cacher plus qu'une simple surprotection...

Il y eut un silence jusqu'à la réapparition de Salomé. Tristan fronça les sourcils en la voyant revenir. Elle paraissait encore plus blanche qu'avant. Elle chancelait.

– Salomé ? Qu'est-ce qui...

La jeune fille s'effondra. Un bruit de tasse qui se brise. Tristan, juste à côté d'elle, s'était précipité pour la rattraper en laissant tomber ce qu'il tenait en mains.

– Salomé !

En une fraction de secondes, Sofiane avait prit sa femme dans ses bras. Avec une infinie délicatesse, il la pris contre elle et la transporta avec toute la douceur dont il était capable.

– Je reviens tout de suite, s'excusa-t-il.

Tristan voulu lui signifier que ce n'était rien, c'était tout naturel, mais aucun son ne sorti de sa bouche. La situation paraissait bien plus habituelle que ce qu'elle ne devrait. Il resta là un moment, avant de commencer à se lever et ramasser les débris de la tasse qu'il avait fait tomber en se précipitant auprès de son élève.

Des bruits d'eau venant apparemment de la salle de bain lui apprirent que Sofiane s'occupait de sa compagne.

Au bout de plusieurs minutes, des échos d'une conversation lui parvinrent. Salomé semblait avoir repris connaissance ! Tant mieux. Les questions fusaient dans son esprit mais il se força à garder la tête froide.

En jetant les restes de la tasse brisée à la poubelle, il ne put cependant s'empêcher de se demander si Alice était au courant. Est-ce que Salomé s'évanouissait souvent comme ça ? Et est-ce qu'elle en avait parlé à Alice ? Sofiane avait visiblement l'habitude et savait réagir, est-ce qu'Alice aussi aurait su comment réagir ? Tristan se senti défaillir. Il se rattrapa in extremis au bord de l'évier et appuya la paume de sa main libre contre son front.

– Tristan ? Tout va bien ?

L'homme sursauta. Sofiane se tenait sur le pas de la porte et le regardait d'un air inquiet.

– Oui oui...

– Un seul malade, ça suffit, plaisanta-t-il, ne vas pas nous faire une crise toi aussi.

– Salomé va mieux ?

– Elle est sous la douche. Oui elle va mieux, désolée pour ça...

– Ça lui arrive souvent ?

– Ce n'est pas à moi de t'en parler.

– Il faudrait que j'utilise l'argument du « c'est mon élève, j'ai le droit de savoir » ?

Le visage de Sofiane se ferma. Tristan compris qu'il venait de lancer la plaisanterie de trop.

– Ça ne te donne aucun droit et tu le sais parfaitement. Arrête un peu de sortir cet argument quand ça t'arrange.

Aïe. La pique était bien placée et Tristan savait la mériter.

– Ouais, désolée... marmonna-t-il.

Les traits de son ami s'adoucirent.

– Allons l'attendre dans le salon.

Salomé débarqua quelques minutes plus tard, simplement vêtue d'un peignoir.

– Je suis vraiment désolée.

Sofiane la regarda en la couvant d'amour.

– Tu vas mieux ? lui demanda-t-il avec douceur.

– Oui, beaucoup mieux.

Elle lui rendit son sourire.

Tristan se racla la gorge tandis que la jeune fille s'installait sur le canapé, aidée de son compagnon.

– Ça t'arrive souvent ce genre de malaise ? s'enquit-il.

– Quelques fois, répondit-elle, mais le soir seulement.

Elle marqua une pause.

– Ce sont de simples chutes de tension. Liés à quelques problèmes de santé, mais rien de grave, le rassura-t-elle.

– C'est assez impressionnant tout de même. Il ne faudrait pas que ça t'arrive en cours !

Sofiane s'était posé à côté d'elle et Tristan les avait imité, assis dans un fauteuil face à eux. Il voyait son ami carresser le dos de sa femme, à moitié allongé derrière elle et il ne put s'empêcher encore une fois d'envier leur relation.

Salomé sourit.

– On a rarement des cours aussi tard ! Ne vous en faites pas, de toute manière mes amis sont au courant de mes soucis de santé.

Alors il avait raison ! Est-ce qu'Alice... ?

– Alice et toi vous formez une sacré paire à ce niveau là... glissa Sofiane.

Tristan senti comme un courant électrique lui parcourir l'échine. Alice !

Salomé rit et lança une pichenette à son homme, mimant de lui tirer les poils de barbe.

– Oh, mais arrête de balancer !

– Alice a des problèmes de santé ? s'enquit Tristan, un peu trop brusquement.

Les deux amoureux s'arrêtèrent net.

– Tristan... commença Sofiane.

Mais Salomé se montrait bien plus directe.

– Qu'est-ce qu'il y a exactement entre Alice et vous, monsieur ?

Le sang de Tristan se glaça dans ses veines.

– De quoi est-ce que tu parles ? répliqua-t-il, sur la défensive.

– Tristan... fit son ami avec douceur, on voit bien que ça ne va pas en ce moment. Et ton comportement tout à l'heure à l'apéro était plutôt révélateur... tu peux tout nous dire tu sais, on ne répétera rien.

Il émit un petit rire gêné.

– ... Surtout pas nous.

Tristan garda le silence, la mâchoire serrée. Il avait envie de pleurer.

– Je peux m'en aller, si vous voulez discuter entre vous, proposa gentiment Salomé.

Tristan fit un geste signifiant que ce n'était pas la peine et baissa les yeux. Il avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes.

– Monsieur, poursuivit-elle doucement, tout va bien. Rien ne sortira d'ici. On comprend parfaitement votre désir de ne pas lui causer de tort et c'est admirable de votre part. Alice est mon amie et je vous promets que je ne souhaite rien d'autre que son bonheur. Je ne lui causerais jamais de tort.

– Tristan... tu es un être humain. Tu éprouves des sentiments, tu n'as pas à en avoir honte et tu as le droit de les assumer ici.

– Surtout quand ces sentiments sont réciproques, conclus Salomé.

C'en était trop. Tristan prit sa tête entre ses mains et se mit à pleurer. Il sentit son vieil ami de précipiter auprès de lui et l'entourer ses bras, mais il se sentait toujours aussi vide. Alice lui manquait cruellement. Il avait besoin d'elle.

Quand il parti ce soir-là, il se sentait complètement vidé, mais presque soulagé. La douleur était toujours là, mais il n'était plus complètement seul. Sofiane et Salomé. Des amis. Des soutiens. Des modèles autant qu'une source d'envie. Est-ce que lui aussi un jour, il pourrait vivre son amour sans que personne n'y trouve rien à redire ?

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